[Quête] Les Gardiens

Il y avait un désert. Un grand désert similaire à un océan de sable chaud, mouvant sous les bourrasques d’un vent trop rude. Il y avait un soleil. Un beau soleil lumineux, dont les rayons vous brûlaient la peau, vous rougissait le visage. Il y avait une caravane… Une longue caravane composée de charrettes tirées par de grands animaux sauvages…des loups ? Non, c’était plus grand que ça… Elle s’approcha lentement d’eux, la main levée, dans l’histoire d’attirer leur attention…dans l’espoir d’être là, d’être vue. Mais rien de tout cela ne se produisit. Le paysage changea du tout au tout. Elle était dans une immense caverne. Non, pas une caverne…mais plutôt une sorte de grand tunnel, creusé sous une terre humide et odorante…Sale, boueuse, désagréable sous les pieds. Quand elle marchait, elle avait l’impression de s’enfoncer. C’était gluant, cela sentait mauvais, et c’était d’une mauvaise couleur rouge. Au milieu de ce tunnel morbide, une bête grognait doucement. Les membres enchaînés contre les parois, ses gesticulations inutiles faisaient du bruit, trop de bruit. Elle s’approcha, si vite qu’elle se retrouva contre son grès face au nez de la créature. Il s’agissait d’un immense blaireau muni de sept queues. Une bête comme le monde n’aurait jamais du en créer…Un être maléfique dont l’haleine sentait trop le cadavre. Les chaînes dont la taille devait être une dizaine de fois plus grosse que le périmètre de son propre bras, vibraient sous les assauts de son possesseur. Quatre d’entre elles étaient cassées, libérant quatre des sept queues… La bête eut l’air de sourire, mais ce n’était là qu’une grimace effrayante. Elle se recula et se mit à courir en sens arrière.

Yumee se réveilla en sursautant, bougeant les jambes avec l’impression même qu’elle était en course rapide. Ses nerfs semblaient lui jouer des tours, profitant des cauchemars de la nuit pour gigoter à leurs aises, sans l’aide d’un quelconque commandement venu tout droit du cerveau. Elle se redressa, se frotta les yeux, parce qu’elle était affalée sur son bureau, comme ce que l’on pourrait appeler…une larve. Les contours de ses dossiers s’étaient imprimés sur sa joue, si bien qu’en les touchant elle se sentit stupidement ridicule. Ruyna pénétra alors au même instant dans le bureau de la Kazekage, et, lorsqu’elle la vit, ne pu s’empêcher de rigoler. La jeune Jinchuuriki rit également, sentit un sentiment heureux l’envahir. Cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas amusée de quelque chose, à vrai dire. Elle aimait cette impression. C’était agréable. Ruyna s’approcha du bureau, s’abaissa et caressa les cheveux de Yumee. Avec un air maternel qui lui était propre, elle s’évertua ensuite à ranger la table de travail de son chef, puis elles classèrent toute les deux des dossiers concernant diverses demandes de mission. Ca et là, des appels au secours d’étrangers, cherchant l’aide rare de ninjas sunistes. Au dehors, le soleil était à son apogée. Ses rayons chauds couvraient le village d’une agréable douceur. C’était beau. Puis, au beau milieu de l’après midi, alors que Yumee et son assistante travaillaient en se racontant maintes choses, un Juunin pénétra dans le bureau, l’air grave et agacé. Il triturait la manche de sa veste, embêté.

« Kazekage-sama, nous sommes désolés mais…une partie du dépôt s’est effondré. Lorsque j’y ai effectué des recherches, un pan du mur a cédé. Mais ce n’est pas tout, il vaudrait mieux que vous veniez voir. »

Les deux jeunes femmes se regardèrent dans les yeux, puis suivirent le Juunin jusqu’au fameux dépôt. Arrivée au seuil, Yumee permit au monstre qui l’habitait de lui prodiguer de son pouvoir ainsi, ses yeux devinrent d’un noir profond, ce qui lui permit de voir les dégâts. En effet, le dépôt était en sale état. En entrant elle du éviter un nombre incalculable de documents secrets avachis par terre, couvert d’une poussière plâtreuse. Elle laissa son doigt courir sur le mur à demi arraché qui lui faisait face…et qui dévoilait un parchemin protégé par un dôme de verre. Elle s’approcha lentement, mais la main de Ruyna se posa sur son épaule.

« Attendez, c’est peut être dangereux, laissez-moi f…

- Je vais m’en occuper Ruyna, merci. »

La jeune Kazekage s’approcha du dôme, le souleva doucement et recueillit au visage une bonne dose de poussière. Elle lâcha la protection de verre qui se brisa à ses pieds, toussa fortement. Au bout de quelques minutes, le nuage brunâtre et épais s’éclipsa, et elle pu à son aise dérouler le parchemin, et contempler l’illustration dorée qui semblait représenter un oiseau enflammé… C’était étrange : une seule signature ensanglantée demeurait là, et un texte court, écrit à la hâte, qui disait : « Ils sont là. Déesse, je suis seul, et je ne peux plus rien faire. Ils vont arriver bientôt, que mes écrits ne soient lus de personne ; Déesse, je vais t’enfermer dans ce dôme. De celui qui te retrouvera je ne serais que l’ancêtre. »
C’était là des propos étranges, bien délicats, qui laissèrent Yumee perplexe. Elle caressa le parchemin, sentit l’ancienneté du papier sous ses doigts sensibles. Malgré le temps qui avait du passer, il semblait peu endommagé, peu apte à être détruit facilement…Il semblait neuf. C’était étonnant, ce dôme avait sûrement eu une particularité. Un technique de conservation spéciale ? Sûrement, mais avant d’y songer, elle devait tester ce document. Lorsque les différents ninjas comprirent son intention, ils bloquèrent la sortie et se préparèrent à une éventuelle défense. Oui, car il se pouvait que cette invocation était dangereuse, et il fallait s’attendre à tout. Yumee se mordit l’index, le posa sur le papier et traça son nom en lettres douces et arrondies. Sitôt qu’elle eut finit, elle s’apprêta à dire l’habituel ‘Kuchyose no Jutsu’, mais le parchemin s’illumina sans qu’elle eu besoin de dire quoi que ce soit.

« Q…qu’est ce que c’est ? Kazekage-sama ? Kazekage-sama ?! »

Les paroles de Ruyna lui semblèrent lointaines. Yumee s’était recroquevillée au sol, les yeux protégés par ses mains. Mais lorsqu’elle leva son regard, elle constata que sa protection de ronces avait fané sous les coups d’une puissance vertigineuse et inconnue. Elle se redressa, éblouie par la magnificence qui se tenait en face d’elle. Un animal majestueux tel qu’il n’en existait que dans les contes pour enfants l’observait de ses yeux passionnants. Son corps semblait enflammé, des plumes rougeâtres qui pourtant ne se consumaient pas. Une aura lumineuse très forte, qui ne l’éblouissait pas mais qui lui transmettait un sentiment de beauté…et de puissance. Il s’agissait d’un Phoenix, d’un oiseau aux couleurs chaudes et belles, d’une bête qui n’avait rien de démoniaque. Sa voix cristalline, claire et douce s’éleva dans le dôme transparent qui séparait la Kazekage de ses compagnons, avec une ampleur étonnante correspondant parfaitement à la taille grandiose de l’animal.

« Je savais que ce jour allait arriver, Karage Yumee, Kazekage du village caché de Suna. »

Yumee se recula d’un pas, effarée. Comment connaissait-il son nom ?

« Je me nomme Mezurashii, déesse des Gardiens de ce pays. Tu es venue à moi, humaine de ces terres, me libérer du sceau dans lequel j’étais enfermée depuis plusieurs siècles. En me libérant, tu m’as donné ton savoir et tes connaissances, en contre partie, je vais t’offrir la puissance. Mais avant, laisse moi te conter mon histoire. »

Yumee resta bouche bée, n’osant rien dire elle laissa l’entité continuer.

« Je vis en ces lieux depuis plus de dix siècles, car, comme tu le sais sûrement déjà, un Phoenix ne meurt pas, mais renaît sans cesse de ses cendres. En un temps bien différent du vôtre vivaient ici des hommes qui n’avaient pas les moyens de se défendre. Ils étaient une petite congrégation de ninjas dont les techniques n’étaient pas aussi évoluées que les vôtres. J’étais une Déesse libre et indépendante, mais je me suis sacrifiée pour ce peuple. Pourquoi est la question que tu dois probablement te poser, n’est-ce pas ? Un jour, ils se font fait attaqués et du haut des cieux, là où les dieux vivent et voient les terres ; j’ai eu pitié de ces gens. J’ai créé ce parchemin d’invocation que je leur ai offert. Six d’entre eux obtinrent ma puissance, ils étaient les Six Gardiens de cette région. Seulement, ils ne surent pas l’utiliser à bon escient…et cinq d’entre eux moururent après avoir trop utilisé ce pouvoir. Le dernier m’a scellée et enfermée dans ces murs, tandis qu’un second peuple allait les massacrer. »

Yumee se rappela alors les écrits qu’elle avait lus sur le parchemin. Ces quelques mots qui ne l’avaient pas laissée indifférente. Ils venaient donc de cette époque…cette époque qui semblait rendre Mezurashii nostalgique. Elle observa l’animal qui s’était tu, et qui la regardait avec une intensité presque gênante. Puis il déploya ses ailes de feu, se dressa sur ses pattes griffues pour se faire plus grand qu’il ne l’était déjà. Ainsi positionné il était magnifique, et la jeune fille ne doutait plus de sa beauté, ni même de sa puissance. Un cri pur s’échappa de la gorge de l’entité. Presque aussitôt, six bijoux différents et fait d’or apparurent sous ses yeux, se posèrent sur le parchemin. L’un d’entre eux étaient une bague, et était gravé sur sa surface une épée noire.

« Karage Yumee, porte cette bague et deviens Gardienne de ton village. Sache toutefois que ces pouvoirs ne sont plus, ces hommes les ont détruits à force de jouer avec eux.

La bague était arrivée à son doigt presque aussi joliment que Mezurashii avait disparu dans un déluge de fumée blanchâtre. Lorsqu’elle rouvrit les yeux, un dôme de verre s’était reconstitué au dessus du parchemin, et derrière elle, les ninjas s’étonnèrent de la voir apparaître comme si, brusquement, elle avait été invisible l’espace de quelques instants. Ruyna débarqua sous yeux et la secoua légèrement, lui demandant si tout allait bien. Yumee hocha la tête fébrilement. Elle raconta sa rencontre avec le Phoenix, puis celle des Gardiens, mais on ne la cru pas. Elle éleva son bras à hauteur de leurs yeux, leur montra sa propre bague, puis, les cinq autres bijoux qui demeuraient sur le dôme de verre. Ils l'observèrent chacun d'un regard étrange, critique, et s'approchère des bijoux d'or, perplexes. Mais ils sûrent qu'en voyant celui qui ornait le doigt de leur jeune Kazekage, rien n'était faux.

Les Gardiens allaient défendre le village. Suna avait désormais une richesse qui lui était propre. Et elle allait l’utiliser à bon escient.

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